Avis aux lecteurs : le texte ci-dessous dépasse le cadre strict de l'étiopathie et propose des développements qui n'engagent que l'auteur.
Il sera publié en deux parties distinctes, la première comporte l’introduction et le chapitre sur la conception étiopathique de la santé. La seconde, à venir, comporte le chapitre sur
la Méthode Lafay et la conclusion.
Un lexique de certains termes appartenant au vocabulaire de l’étiopathie et de la cybernétique appliquée à la biologie a été redigé pour faciliter la compréhension de ce texte.
I. INTRODUCTION
Certains de nos patients et de nos confrères connaissent l'intérêt que nous portons aux travaux d'Olivier Lafay. Et s'il nous arrive d'en parler avec enthousiasme, cela nous semble justifié par
un ensemble de raisons dont certaines seront exposées dans cet article.
La parution, en décembre dernier, du Tome 2 de la Méthode Lafay, « L'espace stratégique » contient un chapitre intitulé « Les fondations de votre
santé ». La lecture de ce texte, en tant qu'étiopathe, suscite l'étonnement et soulève autant de questions qu'il amène de réponses. Il nous amène d'ailleurs à confronter cette
conception de la santé à celle proposée en étiopathie.
En effet, le texte d'Olivier Lafay, non dénué d'une poésie qui invite à l'introspection, se focalise sur l'influence sociale du milieu dans la genèse de certaines pathologies
et propose des solutions originales inspirées de son travail aux influences multiples (cybernétique, constructivisme, stratégie chinoise, philosophie zen, …).
Que l'on ne s'y trompe pas, derrière l'apparente disparité des sources de cette oeuvre, il y a une unité conceptuelle puissante reposant sur une modélisation cybernétique de l'être humain
et de l'activité physique.
L'analyse de cette influence pathogène du milieu extérieur sur l'individu est conforme à la Systématisation de la Pathologie établie en étiopathie mais correspond uniquement à
la catégorie des Pathologies Comportementales. Avec, premièrement, ce que nous nommons Lésions extra-somatiques de type informatif, c'est-à-dire, “un phénomène extérieur constant dans le
temps, engendrant un certain nombre de phénomènes pathologiques qui lui sont solidaires” (Trédaniel).
Et deuxièmement, les états comportementaux consécutifs à un conflit entre mémoire génétique et mémoire conceptuelle, c'est-à-dire lorsque le milieu extérieur social s'oppose à
la fonction comportementale d'un individu.
Loin de s'opposer donc, la conception d'Olivier Lafay enrichit la catégorie étiopathique dédiée aux troubles du comportement et la Systématisation étiopathique de la
Pathologie englobe cette conception dans un ensemble plus vaste. Ensemble qui catégorise et organise de manière exhaustive l'ensemble des phénomènes pathologiques dont un individu peut
souffrir.
Les interrogations qui sont nées de la lecture du chapitre sus-nommé nous amène donc à écrire cet article pour répondre aux problématiques suivantes :
- Qu'est ce que la santé ?
- Comment faire pour acquérir et entretenir une bonne santé ?
- Est-ce que l'activité physique permet d'acquérir et d'entretenir une bonne santé ?
Ces problématiques, vieilles de plusieurs milliers d’années, sont nées de la nécessité de trouver des remèdes efficaces aux maladies et affections qui ont fait souffrir et font souffrir les
hommes depuis la nuit des Temps. Les traces écrites les plus anciennes remontent au moins à la Grèce Antique.
Comme nous allons le voir, ces questions sont plus que jamais d'actualité à notre époque et prennent un tour nouveau avec l'émergence, au milieu du XXème siècle de la
systémique et de la cybernétique.
Nous commencerons donc par développer la conception étiopathique de la santé puisqu'elle propose une Systématisation complète de la pathologie. Puis nous nous intéresserons à la définition et aux
applications positives de la Méthode mise au point par Olivier Lafay avant de conclure par une stratégie d'optimisation de la santé.
II. CONCEPTION ETIOPATHIQUE DE LA SANTE
Avant d'entreprendre la description de la conception étiopathique de la santé, il nous est nécessaire d'aborder ici plusieurs points fondamentaux nécessaires à la compréhension du sujet.
Les fondements théoriques de l'Etiopathie reposant sur la systémique et la cybernétique, le vocabulaire employé ici est propre à ces sciences.
Le lecteur non-familier avec ces termes (en gras dans le texte) trouvera plusieurs définitions pour aider à sa compréhension dans ce Lexique. Si cela ne suffit pas et que le
sujet l'intéresse, nous ne saurions que lui conseiller la lecture préliminaire des livres suivants :
Le Macroscope de Joël de Rosnay
La Systémique de Daniel Durand (Collection Que sais-je?)
La Cybernétique de Louis Couffignal (Collection Que Sais-je?)
Cet article se voulant accessible au plus grand nombre, les différents points fondamentaux exposés ci-dessous seront considérés comme admis et ne feront pas l'objet de longues démonstrations
susceptibles de perdre le lecteur.
1. La conception cybernétique des Systèmes vivants
D'un point de vue cybernétique et donc étiopathique, nous sommes des Systèmes physico-chimiques ouverts sur notre milieu. Les structures qui nous composent sont
programmées génétiquement.
Notre programme génétique nous “est communiqué dès l'instant de notre conception, il est matérialisé par notre structure particulière à un instant donné. Il détermine tout notre devenir
structural.” (Trédaniel)
Nous sommes composés des mêmes éléments que la matière inanimée, à savoir et principalement les quatre atomes suivant : Oxygène, Carbone, Hydrogène et Azote (à plus de
96%).
Ce qui nous donne notre aspect unique en tant qu'individu et en tant qu'espèce, ce n'est donc pas la diversité des éléments qui nous composent mais bien l'agencement particulier de ces quatre
mêmes éléments en une myriade de structures organisées en différents niveaux d'intégration qui conduisent de ces simples atomes à notre organisme entier (phénomène
d'émergence).
Ces structures, à partir du niveau cellulaire, sont programmées génétiquement pour exprimer une fonction. La finalité (téléonomie) de ces
structures est donc d’assurer leur pérennité en exprimant leurs fonctions respectives. Ces fonctions s’expriment entre des limites d'adaptation données et sont dites
auto-régulées, c’est-à-dire que les structures fournissent un travail permanent pour se maintenir dans un état d’équilibre métastable
(homéostasie) face aux sollicitations extérieures qui tendent à les déstabiliser (néguentropie). Cette souplesse adaptative permet aux systèmes biologiques
d'exprimer leurs fonctions malgré les aléas du milieu extérieur.
Le déterminisme de l'expression du programme génétique de chaque individu va donc être confronté au déterminisme des stimulii et informations du milieu
dans lequel il évolue. C'est donc l'interaction entre le milieu extérieur et l'individu qui va permettre d'exprimer ou non, la totalité de son potentiel génétique. Comme l'environnement
n'est jamais entièrement favorable à l'individu, celui-ci se développe en-dessous des capacités contenues en puissance dans son génotype.
Il y a donc un écart inévitable entre notre potentiel génétique dit originel (génotype) qui induit chez chaque individu « la possibilité évolutive
optimale structurale et fonctionnelle qu'il ne peut dépasser » (Trédaniel) et l'intensité de son expression (le phénotype), toujours affaiblie par les agressions et
accidents résultant des interactions avec notre milieu. C'est cette actualisation du potentiel génétique originel (PGO) par les contraintes exercées par l'environnement qui
détermine ce que nous appelons en étiopathie le potentiel vital actuel (PVA).
D'un point de vue théorique, nous pouvons représenter schématiquement le PGO d'un individu comme une courbe décroissante correspondant à l'actualisation constante de son existence.
« Cette courbe théorique est celle du vieillissement physiologique » (Trédaniel).
Le Potentiel Vital Actuel correspond alors à la somme algébrique théorique de notre Potentiel Génétique Originel (le génotype), de notre somme pathologique (l'ensemble des
maladies et affections dont nous pouvons souffrir) et du phénomène physiologique de vieillissement à un instant donné de notre existence.
2. La santé parfaite
D'après ce que nous avons vu précédemment, « la santé parfaite consiste dans le respect intégral de la courbe décroissante du potentiel génétique originel d'un individu »
(Trédaniel).
Comme le milieu dans lequel nous évoluons n'est jamais entièrement favorable, nous ne développons jamais tout le potentiel contenu dans notre génotype, les agressions et accidents de la vie de
relation nous éloignant progressivement de notre développement intégral optimal.
Cela nous conduit, dans le meilleur des cas à notre mort naturelle qui « correspond à l'actualisation totale du programme génétique contenu en puissance dans le programme génétique
originel d'un individu » (Trédaniel).
Cela signifie-t-il que notre condition de Système biologique évoluant dans un milieu parfois hostile nous condamne fatalement à la souffrance et aux maladies ?
Comme nous allons le voir, si la santé parfaite semble être une chimère, il est tout de même possible d'envisager vivre en bonne santé.
3. La santé relative
Comme nous l’avons vu, le développement et l'évolution des structures nous composant et qui matérialisent l'actualisation de notre génotype n'atteignent jamais leur
intégralité. Néanmoins ces structures auto-régulées expriment leurs fonctions entre des limites d'adaptation codées génétiquement. Cela signifie qu'elles fonctionnent de manière physiologique
même si elles ne sont pas au maximum de leurs capacités.
C'est lorsque les capacités d'adaptation d'un ou de plusieurs de nos systèmes se retrouveront dépassées par un phénomène extérieur que nous rentrerons en pathologie.
En effet, le milieu dans lequel nous sommes destinés à évoluer « ne peut que confirmer ou dévier l'actualisation de notre potentiel génétique originel »
(Trédaniel).
Prenons l’exemple du muscle pour illustrer notre propos. Si nous exerçons un muscle par une activité physique, nous obtenons le développement de ses capacités ainsi que, bien
souvent, son accroissement en volume. Si, au contraire, il n’est pas sollicité par une activité physique, il n’est pas pour autant déficient. Il fonctionne toujours car l’intégrité de sa
structure est respectée. Cependant, son absence de stimulation réduit progressivement ses capacités d’adaptation de part le phénomène physiologique de vieillissement. Le muscle s’atrophie
progressivement, les tendons se fragilisent et le corps musculaire perd de sa force contractile. C’est une situation fréquente chez les gens sédentaires ou alités et chez les gens plâtrés ou
portant un corset. La reprise brutale d’une activité physique, dans ces conditions, peut conduire au dépassement des capacités d’adaptation réduites de ce muscle et donc à l’atteinte de son
intégrité (tendinite, déchirure musculaire, rupture tendineuse).
Notons néanmoins qu’il s’agit ici du cas théorique ou aucune Lésion Etiopathique Articulaire ne vient au préalable affaiblir les capacités d’adaptation de ce
même muscle.
Nous pouvons donc considérer que l’écart entre Potentiel Génétique Originel et le Potentiel Vital Actuel, qui nous éloigne de la “santé parfaite", découle de trois facteurs :
la somme pathologique de l’individu, la “moindre sollicitation” des structures de l’organisme ainsi que la qualité de l'environnement.
Être en “bonne santé” consiste donc à minimiser l'influence du milieu dans l'apparition des phénomènes pathologiques (prophylaxie et diététique), à solliciter notre organisme
de manière optimale (gymnastique, sport, activités intellectuelles) et, dans le cas de maladies déjà installées, permettre le rétablissement du système atteint dans ses limites d'adaptation
(thérapies curatives efficaces).
4. La finalité de l'étiopathie
Par rapport à ces considérations sur la santé, les objectifs thérapeutiques de l'étiopathie sont clairement définis par Christian Trédaniel. En effet, « sur le plan
des applications thérapeutiques, l'étiopathie est une méthode visant à rétablir la stabilité relative des systèmes biologiques en agissant soit sur leurs déséquilibres structuraux acquis, soit
sur leurs variables d'entrée inadaptées au maintien de leur stabilité. »(Trédaniel)
Il s'agit donc de faire coïncider la courbe du Potentiel vital actuel avec la courbe du Potentiel génétique originel d'un individu c'est-à-dire, rétablir tout ou partie
des lésions et phénomènes réversibles qui éloignent inexorablement l'individu de la pleine expression de son génotype.
Le champ d'application d'un étiopathe recouvre l'ensemble des phénomènes pathologiques dont l'origine est mécanique et réversible par traitement manuel. L'étiopathe
connaissant très bien ses limites saura ré-orienter vers la chirurgie et la médecine classique toutes les affections sur lesquelles il est inefficace.
Et quant aux deux autres facteurs nécessaires à l’acquisition et l’entretien d’une “bonne santé”, la responsabilité est laissée au patient de s’en occuper. L’hygiène de vie personnelle
(prophylaxie, diététique, exercice physique) dépasse le cadre du champ d’application thérapeutique de l’étiopathie. Un travail d’information et de réorientation pourra cependant s’avérer
salutaire.
5. L'activité physique comme facteur d'optimisation de la santé
Nous avons vu que : 1°) la santé parfaite était impossible de par les contraintes du milieu extérieur qui s'exerce sur chaque individu et limite ainsi l'intensité de
l'expression de son génotype ; 2°) que la santé relative était dépendante de trois facteurs variables :
- la somme pathologique de l'individu, c'est-à-dire l'ensemble des lésions et phénomènes pathologiques qu'il peut présenter à un instant donné.
- La sollicitation des structures de l'individu qui permettra d'entretenir les capacités d'adaptation de chacun des systèmes le composant.
- La qualité de l’environnement de l’individu et des changements qu’il pourra effectué pour qu’elle lui soit le plus favorable.
Nous pouvons donc considérer que plus un individu, aura une somme pathologique importante et/ou moins il sollicitera ses structures organiques (par sédentarité ou
impotence) , plus l'expression de son potentiel génétique originel sera faible. L'individu, en plus d'être profondément malade, se retrouvera extrêmement vulnérable aux contraintes et
agressions (virale ou bactériologique) de son milieu.
L'hyper-sollicitation de notre organisme par l'activité physique ou professionnelle amènera des troubles inverses à ceux de la sédentarité. Les blessures, les
traumatismes et l'épuisement apparaissant par un dépassement des capacités d'adaptation pourtant hautes de notre organisme. Le sportif qui cherche à optimiser le fonctionnement de son organisme
ou l'individu qui souhaite retrouver la santé à travers une activité physique choisira sciemment d'éviter certaines disciplines traumatisantes.
Nous sommes toujours dans le cas théorique où aucune Lésion Etiopathique n’a, au préalable, fragilisé tout ou partie de l’organisme. Mais si, comme dans la majorité des cas,
une lésion et son cortège de phénomènes pathologiques diminuent les capacités d’adaptation d’un système (accroissement de la Somme Pathologique), alors ce dernier entrera en pathologie suite à
des sollicitations moindres du milieu extérieur.
A ce titre, le plaisir procuré par la pratique de certains sports même traumatiques l'emportant parfois sur le désir d'optimiser sa santé, rappelons que la fonction première
d'un étiopathe est la résolution de problèmes mécaniques et que toutes les pratiques sportives amènent leur lot de traumatismes divers et variés. La plupart de ces traumatismes trouvent une
solution positive en étiopathie et n'impactent donc pas systématiquement la bonne santé du pratiquant.
Nous avons également dit que : 1°) la finalité de l'étiopathie était de faire correspondre au mieux le Potentiel Vital Actuel de l'individu avec son Potentiel Génétique
Originel, autrement dit de maintenir le phénotype au plus près du génotype de l'individu, en agissant sur l'ensemble de ses dysharmonisations structurales et de ses troubles fonctionnels
réversibles.
2°) L'ensemble des pathologies dépassant le cadre strict de la réversibilité était du domaine de la chirurgie et de la médecine classique.
Autrement dit, l'étiopathe est compétent pour réduire les lésions mécaniques réversibles et leurs conséquences (entorses, tendinites, contractures, névralgie, etc.). Toute atteinte structurale
irréversible sera donc du ressort de la médecine classique et de la chirurgie (fracture, luxation, pathologie dégénérative, phénomènes néoplasiques, etc.)
Nous pouvons donc conclure que pour être en bonne santé, un individu devra, en plus de consulter le spécialiste concerné pour soigner les maladies dont il souffre, pratiquer
une activité à même d'optimiser le fonctionnement des structures qui composent son organisme. L'objectif étant d'augmenter le stock de réponses disponibles faces aux sollicitations diverses du
milieu extérieur.
Mais comment l'activité physique peut-elle être bénéfique pour la santé ?
C'est très simple, en stimulant les systèmes locomoteur, cardiovasculaire, respiratoire et neuro-hormonal, l'activité physique bien conduite augmente les capacités d'adaptation
de chaque système stimulé en lui permettant d'exprimer sa fonction. Pour reprendre l’exemple du muscle, ll n'y a qu'à voir l'effet à plus ou moins long terme d'un plâtre ou d'un corset sur le
système musculaire (entre autre) pour s'apercevoir qu'en l'absence de stimulation régulière, une structure à une tendance naturelle à l'atrophie.
Quand l'ensemble de l'organisme est stimulé régulièrement, il est donc plus adaptatif et possède plus de possibilités pour répondre aux défis de son environnement : courir
ou nager plus vite et plus longtemps, escalader, combattre, acquérir de bons réflexes, etc. (bien que l’homme, en remodelant et domestiquant sa niche écologique, en a considérablement réduit les
contraintes et les défis)
Dans cette optique, existe-il, actuellement, dans l'ensemble des activités proposées dans nos sociétés modernes, une ou plusieurs pratiques dont la finalité serait de
solliciter, de manière optimale, la grande majorité des structures de l'organisme ?
Parmi l’ensemble des possibilités proposées actuellement, il faut distinguer les “gymnastiques” d’influence orientale (yoga, dao in, taï chi chuan, etc...) des “gymnastiques” d’influence
occidentale. Nous retiendrons uniquement ces dernières car elles partagent la même conception du vivant que l’étiopathie. Il ne s'agit pas pour autant de rejeter les autres, bien au contraire –
cependant, il faut être cohérent avec le modèle théorique que l'on adopte quand on traite des questions de santé. Le système des médecines orientales ancestrales s'appuie sur une conception
énergétique du vivant là où le système de la médecine occidentale s'appuie sur la biologie et les sciences de l'observation. Les deux approches sont difficilement conciliables.
Nous évoquerons donc, dans l’ordre chronologique, les deux “gymnastiques” occidentales qui ont une volonté affichée d’établir une méthode et un système d’exercices physiques dont la finalité est
l’optimisation global de l’organisme. Il s’agit de la Gymnastique suédoise et de la Méthode de musculation sans matériel d’Olivier Lafay.
6. La Gymnastique suédoise et la Méthode Lafay
Il faut savoir que la tradition d'une gymnastique médicale, prophylaxique et curative, remonte, en Occident au moins à la Grèce Antique. Elle s'est développée à côté des autres
formes de gymnastique (guerrière notamment) dont l'expression la plus symbolique fût celle des Jeux Olympiques.
Cette tradition gymnique traversa les siècles avec plus ou moins de succès. Pour exemple, les valeurs du christianisme n’étant pas très comptatible avec le culte hellénique du
corps et sa symbolique païenne, l’Empereur romain chrétien Théodose le Grand abolit les Jeux Olympiques antiques en 391 ap-JC. Il faut donc attendre le début du XIXème siècle pour assister au
développement d'une méthode hygiéniste, prophylaxique et curative basée sur le mouvement.
C'est le travail de Pehr Enrik Ling (1776-1839) qui envisage le mouvement comme technique thérapeutique et commence donc l'établissement théorique d'une méthode de soin basée
sur ce principe. Il n'aura pas le temps de terminer son œuvre et confiera ce travail à son élève Georgii (qui sera également le créateur du terme “kinésithérapie”). Cette méthode
connaîtra un succès mondial en moins de vingt ans sous le nom de gymnastique suédoise.
Les données physiologiques ont progressé depuis Ling et certaines de ses conceptions sont maintenant dépassées mais la mise en place d'une véritable méthode mécaniste a pu
inspirer le travail de grands thérapeutes manuels dont la filiation se poursuit jusqu'à l'étiopathie (Georgii, Thure Brandt, Henri Stapfer, André de Sambucy, Christian Trédaniel pour citer les
principaux) .
De plus, la gymnastique suédoise a su évoluer en même temps que les connaissances de la biomécaniques et elle est toujours pratiquée aujourd'hui. N'ayant pas pu tester cette pratique
personnellement, nous croyons néanmoins de bonne foi que la finalité thérapeutique de l'oeuvre de Ling et Georgii soit encore respectée. Nous sommes donc théoriquement en présence d'une méthode
de gymnastique qui propose l'entretien et la stimulation de la majorité des systèmes de l'organisme.
Une telle pratique peut donc a priori être conseillée pour qui cherche à optimiser sa santé à travers une activité physique.
Cependant, il existe actuellement une autre méthode, cette fois-ci de musculation, qui a attiré notre attention pour trois raisons :
- Depuis sa publication en 2004, elle a connu un grand succès avec une médiatisation très faible, principalement par le bouche-à-oreille. Ce mode de diffusion horizontal n'est pas sans rappeler celui de l'étiopathie. C'est une preuve assez fiable de la pertinence et de l'efficacité d'un modèle lorsque celui-ci n'a pas besoin des grands médias de masse pour exister et perdurer.
- Les fondements de cette méthode reposent sur la cybernétique. Le fait de partager une conception commune de l'homme avec une autre discipline intellectuelle suscite l'intérêt en tant qu'étiopathe, ne serait-ce que pour comparer ces deux conceptions.
- Les témoignages de pratiquants dépassent le simple cadre de la pratique sportive et esthétique. L'incidence positive sur la santé d'une telle méthode est un fait avéré et suscite la curiosité en tant que thérapeute.
Il s'agit de la Méthode de Musculation mise au point par Olivier Lafay. Quiconque actuellement s'intéresse à l'activité physique, au développement personnel et à la santé
ne peut ignorer plus longtemps cette œuvre révolutionnaire.
En effet, il s’agit d’un véritable changement de paradigme dans le monde de l’activité physique car, comme nous allons le voir dans la seconde partie de cet
article, c'est l'agencement d'éléments très anciens (les exercices de musculation au poids du corps) au sein d'une structure nouvelle qui a été l'amorce de ce bouleversement.
A suivre...
Mes remerciements vont à mes confrères Arnaud AIMONETTI, étiopathe à Montpellier et Rémy DENIAULT, étiopathe à Bordeaux ainsi qu'à Raphaël ARDITTI pour leurs corrections, conseils et critiques.
Je remercie également Olivier LAFAY pour ses conseils et son ouverture d'esprit.
REFERENCES
LAFAY, Olivier : Méthode de Musculation, Tome 2, L’espace stratégique (Editions Amphora, 2014)
Lien vers le site d'Olivier Lafay
TREDANIEL, Christian : Principes fondamentaux pour une Médecine étiopathique (Avenir des Sciences, 5ème édition, 2006)
Du reboutement à l’étiopathie (Avenir des Sciences, 3ème édition, 2005)
Lien à propos des Jeux
Olympiques
Lien à propos de la Gymnastique suédoise actuelle
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Damien (samedi, 07 mars 2015 08:50)
Bonjour,
Article très intéressant qui donne l'eau à la bouche pour la 2e partie ! J'ai pratiqué avec bonheur la méthode Lafay pendant environ 2 ans, en bouclant les niveaux 2 à 4. J'ai ensuite développé une tendinopathie à l'épaule et au coude droits : conflit sous-acromial suivi d'une capsulite. J'avais arrêté la méthode quelques mois avant, donc le lien de cause à effet n'est pas évident. Par contre, lorsque j'ai discuté de reprendre la musculation avec ma kiné, elle m'a fortement déconseillé tout mouvement de développement, et donc les pompes. Par ailleurs, je me suis toujours posé des questions quant au fort déséquilibre entre le nombre d'exercices de poussée versus le nombre d'exercices de tirage dans les niveaux 2 à 4 : 4 exos de poussée (triade + K2) contre 1 tirage (tractions). Cela ne conduit-il pas à un déséquilibre articulaire ? Votre avis d'étiopathe sur ce point serait précieux. Merci d'avance.
Stéphane (dimanche, 08 mars 2015 19:08)
Damien,
il y a quelques années, j'etais allé voir un chiropracteur, qui m'avait trouvé les épaules trop en avant. Je lui avais parlé de la methode, et du fait que l'on fasse des tractions pronations qu'à partir du lvl 6.
J'ai donc ajouté des tractions I en amplitude totale pour compenser ce mise en avant des épaules.
Yann-ollivier (lundi, 09 mars 2015 11:37)
Bonjour,
Damien, tout d'abord, dans la perspective d'une reprise éventuelle de la musculation, qu'en est-il de votre périarthrite scapulo-humérale aujourd'hui ? En l'absence d'inflammation importante de l'épaule, les pompes ne sont pas un problème.
A propos de ce "déséquilibre", il faut comprendre que la logique de la Méthode Lafay n'est pas la même que la logique classique de musculation. Il s'agit avant tout de se constituer une bonne base musculaire, notamment en stimulant des chaînes musculaires entière (aucun exercice d'isolation à part K2 au début) et en développant les fibres musculaires de type I. C'est ensuite que vient le temps de soigner les détails du volume de certains muscles éventuellement en retard. Et on peut ensuite aller plus loin en adaptant l'entraînement à ses propres nécessités personnelles mais seulement à partir du moment ou on a le recul stratégique suffisant, une fois qu'on acquiert une plus grande compréhension du fonctionnement de la Méthode.
Cela ne conduit donc pas à un déséquilibre articulaire mais éventuellement à un déséquilibre de la posture comme le décrit Stéphane. Ce qui est différent.
D'ailleurs Stéphane, est-ce que c'est la pratique de la Méthode qui a entraîné ce phénomène d'épaules en avant et est-ce que les modifications apportées à votre entraînement ont corrigé cet état ?
Damien (mardi, 10 mars 2015 19:50)
Merci pour ces réponses. Mon épaule n'est pas encore complètement rétablie. J'ai récupéré 100% d'amplitude au niveau de sa mobilité, mais j'ai encore des douleurs notamment et des tensions au niveau du trapèze. J'ai recommencé tout doucement des mouvements de rowing avec poids léger, et quelques pompes sur plan surélevé pour voir. Concernant la logique de la méthode Lafay, je sais bien qu'elle est systémique et fait travailler des chaînes. Néanmoins tout en faisant travailler des chaînes musculaires, une traction fait travailler certains muscles, les pompes plutôt les muscles antagonistes il me semble. Donc 3 exos de pompes / dip + 1 iso triceps contre 1 exo traction ne vont-ils pas générer un déséquilibre musculaire au moins au niveau triceps / biceps ?
Damien (mercredi, 11 mars 2015 07:28)
Pour compléter mon message ci-dessus : quand je parle de déséquilibre musculaire, je ne parle pas de volume ou d'esthétique, mais de déséquilibre de force entre agonistes et antagonistes, et donc de santé.
Stéphane (mardi, 17 mars 2015 18:14)
Yann-Olivier,
avec un de vos confrère étiopathe sur Fréjus, on a reussi à réequilibrer un peu, ainsi qu'à faire disparaitre une douleur dans le bras juste après l'épaule du à une entorse acromio-claviculaire mal soignée à la base. Je pense que c'est une conjonction de tractions type I plus les petits exercices qu'il m'avait donné à faire qui m'ont permis de rebaser les épaules un peu plus vers l'arrière.
Je pense aussi que c'est bien la méthode qui a accentué ce phénomène d'épaule en avant. Je n’étais pas vouté non plus, mais je pense qu'avec le temps, si je n'étais pas allé voir votre confrère, j'aurais fini vouté, oui.
Yann Ollivier (mercredi, 25 mars 2015 10:54)
Bonjour Stéphane et Damien. Je viens de terminer la rédaction d'une réponse à vos questions mais celle-ci est trop longue pour être postée dans les commentaires. Une partie des éléments présents dans cette réponse sera reprise et développé dans la seconde partie de l'article mais si vous souhaitez lire la réponse spécifique, vous pouvez me transmettre vos adresse électronique via la section prendre rdv du site et je vous ferai suivre le texte.
Bonne journée.
Yann Ollivier
Damien (mercredi, 25 mars 2015 19:17)
Bonjour Yann,
J'ai posté mon adresse comme demandé. Merci d'avance !
stephane (dimanche, 09 août 2015 21:58)
Bonsoir,
Il y a quelques mois, j'ai posté dans la demande de RDV mon adresse email, mais je n'ai toujours rien reçu à ce jour.
Pouvez vous m'envoyer votre réponse?
Cdt,
Stéphane.
Gérald (mardi, 18 octobre 2016 14:46)
Bonjour,
A quand la suite de cet article très intéressant?